On ne se contera pas de pipes

Plusieurs élèves de classes en immersion française étaient présents dans le parc Monseigneur-Lartigue pour les deux éditions de Paroles de la terre d’Amérique. Ces nouveaux arrivants étaient venus tester leur habilité linguistique en écoutant des contes issus des traditions orales des premiers habitants qui ont peuplé notre vaste continent. On aurait pu entendre une mouche planer sur le LSD durant ces récits enivrants. Je ne veux pas vous conter d’histoire ce soir. Mais je trouve que c’est une bonne façon pour un immigrant de se familiariser avec la canne de bine de nos racines. De devenir des Pèlerins dans la Chasse-galerie de notre héritage. Vous avez ma parole qu’ils étaient attentifs aux légendes de ce territoire mirifique. Qu’ils portaient un regard admiratif sur ces deux conteuses émérites. Une belle rentrée en matière sur nos fières terres. Le conte est universel. Il est un calumet de paix qui réunit tous les peuples. Mettez ça dans votre pipe…

En plein cœur du transe-ville

Oh mon Dieu! Je me demandais en m’acheminant tranquillement dans le parc Monseigneur-Lartigue, comment je pourrais arriver à méditer dans un endroit aussi infernalement bruyant. L’immeuble à côté était en rénovation et profanait vulgairement des bruits de détonation. Mais heureusement c’était la fin de la journée et le chantier était sur le point de fermer. Mais durant la séance de méditation un gars de la construction est revenu chercher son coffre à outils avec son camion qui crachait du vieux boogie-woogie dans le tapis. En arrière-plan, je pouvais entendre les klaxons de la circulation dense de la rue Sherbrooke située à quelques mètres de distance. Y’a même eu à un moment incongru, un hurluberlu tout nu qui a crié des obscénités dans la rue. Mais le but de la médiation est justement de faire abstraction de toutes ces distractions. J’ai choisi de fermer les yeux et de concentrer le flot de mes pensées sur ma respiration de vieux saoulon.

Pendant mon recueillement, je n’arrivais toutefois pas à me sortir de la tête l’image que pouvait donner une dizaine de gens en transe à des passants stressés de retourner à la maison après une dure journée de travail d’esclaves pressés. Tout va vite à l’heure de pointe. C’est la folie tout autour pendant que des illuminés comme nous, décrochent et s’abandonnent loin des remous. Il ne faut pas chercher très loin la sérénité de licou. Les petits parcs du Centre-Sud représentent la paix au fond de nous.