Les grands coups de marteau du cinéparc Martineau

Depuis sa création le 8 juillet 2008, avec la présentation du film Projet Dow de Michel Simonsen et de Simon Paquin, le Cinéparc Martineau s’est donné comme mission de présenter majoritairement des œuvres documentaires qui s’inscrivent dans une trame urbaine typique des enjeux du Centre-Sud. Il a porté une attention particulière pendant deux ans, à des documents focalisant sur le quartier Saint-Jacques, le territoire sacré des Parcs Vivants. Les thèmes universels et proches à ce secteur, tels que l’itinérance, la prostitution, l’embourgeoisement d’un quartier ouvrier et à l’expropriation de sa population, de la destruction de joyaux architecturaux patrimoniaux, de l’histoire qu’on efface ou que l’on veut oublier de façon délibérée, ont été largement abordé lors de nos projections cinématographiques débridées. De cinquante à cent cinquante citoyens fidèles et fébriles ont toujours brillé de leur présence à chacune de nos séances. Les réalisateurs, les personnages principaux, les artisans et même les témoins de ces aventures filmiques, se sont continuellement illustrés à la fin des projections pour répondre aux questions d’un public toujours subjugué. Pierre Falardeau, Marc-André Forcier, Marie-Julie Dallaire, Luc Bourdon, Armand Vaillancourt, Carole Laganière, pour ne nommer que ceux-ci, se sont toujours donné comme mission de participer et d’échanger avec les gens présents lors de nos projections engagées. C’est une sorte de consécration pour leur travail. Après un long travail d’isolement, ils ont enfin un contact intimiste avec un public attentif, voire admiratif. Un engouement tel, que la plupart des grands médias montréalais se sont penchés en 2009 (et même à nouveau en 2010), sur ce cinéparc urbain unique qui répond au besoin d’une population avide de comprendre et de savoir d’où elle vient…

Cette année encore, le Cinéparc Martineau se donne comme devoir de respecter la démarche initiale de ses racines déjà profondes. Il laissera encore une place de choix aux déshérités de la politique. Ceux qui ne représentent rien aux yeux de tous les pouvoirs en place qui tiennent et mangent dans la main de l’économie en miette. Le Cinéparc Martineau va donner encore une fois la parole à ceux qui dénoncent les injustices de ce bas monde. À ceux aussi qui proposent des solutions constructives et innovatrices. Ces gens qui ne se laissent jamais abattre devant le fardeau de la résignation imposée. Le cinéparc Martineau de Parcs Vivants ne va jamais utiliser la place publique pour présenter des films dans le seul but de divertir et d’étourdir. De meubler l’espace du vide insipide qui est un peu trop ambiant. Il veut plutôt susciter la réflexion. Propulser des remises en question qui va hisser socialement notre nation au sommet de l’haricot magique de la grande évolution…

Une nouveauté cette année. Le Cinéparc Martineau va partir en tournée dans différents parcs du Centre-Sud, afin de présenter des films sur des personnages importants du quartier comme Reggie Chartrand ou une Simone Monet-Chartrand qui a rayonné elle aussi dans l’arène de la combativité énergique contre l’adversité. On laissera même notre humeur contestataire de côté durant l’été 1970, dans un camping situé en périphérie de Montréal. C’est avant l’automne chaud et très mouvementé de cette même année.
Après plusieurs projections consacrées au Centre-Sud et aussi à d’autres secteurs de Montréal, le Cinéparc Martineau va sortir cet été de notre belle île, pour visiter des régions et des personnages qui s’engagent tout autant dans l’action. On va même suivre à travers le Kébek, les pérégrinations des fans d’un artiste boudé par les élites bien-pensantes montréalaises, parce ce qu’il a toujours incarné pour eux un aspect trop provincial. Honte à eux, car après plus de 50 ans, il est encore un chanteur charmant qui se dévoue généreusement et passionnément à un public grandissant. Il signe et persiste malgré les quand dira t'on de tous les mentons un peu trop levés…
Cet été avec le Cinéparc Martineau, on va se rendre en Abitibi comme le faisait le célèbre cinéaste et poète montréalais Pierre Perrault, à travers un film de Denys Desjardins. On va découvrir la vraie nature de Gilles Carles à travers les yeux de l’urbaine Bernadette. On va défendre comme Félix le grand fleuve Saint-Laurent et l’environnement immédiat de l’île d’Orléans, dans La bataille de Rabaska de Magnus Isacsson et Martin Duckworth. On va s’ouvrir à des nouvelles méthodes d’enseignement et d’engagement citoyen en Montérégie, grâce à un vieux vétéran du cinéma, qu’est le grand porteur d’espoir de Fernand Dansereau. Il y aura même un beau plan sentimental confectionné par l’incroyable Jacques Leduc.

Venez au Cinéparc Martineau faire un tour d’un certain Kébék avec nous. Nous serons debout ou même assis sur des chaises en quantités limitées. Apportez vos sièges confortables si vous dédaignez vous installer sur la droiture de nos reposoirs en métal. Venez discuter avec des gens du cinéma. Venez cogiter collectivement sur des défis qu’on ne devrait pas verrouiller et enfermer derrière la solitude de nos portes closes. Le Cinéparc Martineau est chaleureux comme un feu de foyer domestique. C’est un écran plus grand que tous les cinémas maison qu’on claquemure dans l’anonymat de notre confort stagnant…
Sébastien Blais

2 commentaires:

  1. j' ai eu l' opportunité de visionner le beau trésor de messieurs Régies Chartrand...Par oups...:)
    une merveille d' images et de mots....

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  2. Félicitation La Plaie pour ce tour guidé en mots et en photos de vos principales activitées...Une mention spéciale pour le topo sur Laurent!
    Alexandre

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